Mairie de Brue-Auriac
Cours Roux de Corse
83 119 Brue-Auriac
Village atypique, Brue Auriac est né, au xviiie siècle de l’union de deux villages et du rêve du seigneur Georges Roux de Corse.
Avant d’être réunies en une seule et même commune, Brue et Auriac étaient deux localités indépendantes. Toutes deux, citées dès le XIe siècle, sont tenues en 1252 par la famille de Pontevès pour les comtes de Provence. En 1471, les deux sites sont inhabités puis ne comptent que très peu d’habitations au xvie siècle. C’est Georges Roux, dit Le Corse, qui crée le village sur son emplacement actuel. Lorsqu’au XVIIIe siècle il achète une partie du terroir de Brue, il est parsemé de bastides isolées comptant une centaine d’habitants. En 1765, l’agglomération culmine à 832 habitants.
Elle se développe grâce à ses industries de soie, de faïence et de drap. L’industriel et armateur sera ruiné à la suite de l’anéantissement de sa flotte durant la guerre des Sept ans opposant notamment la France et l’Angleterre à propos de leurs colonies en Amérique et en Inde (1756-1763). Il meurt en 1792. Les deux villages de Brue et Auriac ne sont définitivement rattachés qu’en 1840.
C’est toujours grâce à M. Jacques MARTIN-LAVAL, retraité à Brue Auriac, et à son ouvrage unique : « Si Brue m’était conté », que nous mettons l’histoire du village à la disposition de l’ensemble des Brussois, anciens et nouveaux. Merci encore pour ce remarquable travail de mémoire.
C’est l’emblème du village de Brue Auriac. Ce pigeonnier a été construit par Roux de Corse dans les années 1754-1758. Carrière nous dit "Georges Roux considère l’usage du droit de colombier comme l’attribut indispensable de sa fatuité". C’est pour cette raison qu’il construit le plus grand des 42 000 pigeoniers recensés en France au XVIII ème siècle, avec ses 6 000 boulins (d’après l’inventaire réalisé par le Ministère de la culture). 6 000 boulins = 12 000 pigeons adultes, car ils vivent en couple, et à raison de deux œufs par mois et par couple = 12 000 pigeonneaux de plus...
Le pigeonnier domine tout le village. Il est visible de très loin lorsqu’on arrive à Brue par la route de Saint Maximin. Voici ce qu’en dit Georges Roux de Corse "6 à 8 000 pigeons feront beaucoup de bien à Brue. Ils nous débarrasseront de beaucoup d’insectes nuisibles, nous fourniront un excellent engrais, et une succulente nourriture. Sans compter que , dans ces terres aux vieilles traditions, cette gracieuse coutume féodale est vraiment à rétablir".
Abolition des privilèges dans la nuit du 4 aout 1789, et depuis, chacun a le droit d’avoir son pigeonnier. Mais aucun pigeonnier construit depuis 1791 n’a jamais atteint les dimensions gigantesques de ce monument : de forme cylindrique, il mesure 23 mètres de hauteur. Son diamètre extérieur, à la base, est de 12,5 mètres. Son diamètre intérieur est de 9,5 m à la base et de 10 m, à partir de 3,5 m de hauteur. Par contre l’épaisseur de ses murs qui est de 1,5 m à la base, n’est plus que de 1,10 m à 3 m de hauteur , et de 0,95 m à 10m. Le premier plancher est à 3,5 m de hauteur, et le second à 10 m au dessus du premier.
Ce monument exceptionnel a été abandonné depuis la révolution. C’était un chef d’œuvre en péril. N’ayant plus de toit, il n’était plus qu’une tour, vide à l’intérieur, et dont les murs commencaient à se dégrader rapidement. La commune de Brue Auriac étant propriétaire de ce monument depuis 1956 (don de l’hoirie Garcin) a décidé d’entreprendre sa rénovation. Le 16 novembre 1956, Monsieur Georges Jean, Maire de Brue, a signé une convention avec l’Association Saint jean Le Vieux (loi 1901) afin de restaurer le pigeonnier de Brue, en s’appuyant sur des chantiers de jeunes bénévoles. C’était une bonne idée qui malheureusement n’a pas pu se réaliser. Le 14 juillet 1989 (Monsieur Robert Hugou, Maire), la municipalité a proposé aux Brussois de signer une « pétition pour la sauvegarde du pigeonnier ». Elle a recueilli 357 signatures. Dès lors la municipalité a confié à la commission du Patrimoine et de la Culture créée le 28 décembre 1989 le soin de solliciter tous les organismes et les administrations susceptibles d’aider la commune à financer ce projet. La municipalité souhaitait arrêter la dégradation de ce monument par la mise en place d’un toit et de deux planchers, comme cela existait antérieurement. Je passe sur les détails des démarches qui ont été longues et difficiles. Finalement le projet adopté a été celui de Mr Farhne, architecte des Monuments Historiques de la Région PACA. Après appels d’offres, les travaux ont été superbement réalisés par l’entreprise SMBR de Saint Maximin. Devis total : 500 000 francs.
L’inauguration a eu lieu le 12 mai 1995, en présence de nombreuses personnalités. Après le discours du Maire qui constatait "qu’un vieux rêve brussois était en train de se réaliser", on pouvait ajouter : "Nous sommes heureux de dire que, si les sponsors se sont tous dérobés, nous avons trouvé un accueil très chaleureux et très efficace auprès les pouvoirs publics.
La municipalité ne pouvait évidemment pas envisager ces travaux avec ses seuls fonds propres. Cette inauguration a donc été, pour les Brussois, l’occasion de remercier de Conseil Général du Var dont les affaires culturelles ont accordé une subvention de 200 000 francs, le Conseil Régional PACA qui par l’intermédiaire de la Culture a pris un arrêté d’intervention financière de 50 000 francs et le Ministère de la Culture et de la Communication qui par l’intermédiaire des Affaires Culturelles a accordé une subvention de 100 000 francs."
Ainsi, grâce aux efforts de tous, le Pigeonnier de Brue est maintenant à l’abri des intempéries. Nous souhaitons que, dans l’avenir, des compléments de travaux puissent en faire un lieu de rencontres culturelles et un attrait touristique. La municipalité a demandé que ce monument "non protégé" soit inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Cette demande a été enregistrée. La commune de Brue Auriac a reçu le diplôme du Livre "Guiness des Records" : la municipalité détient le record du plus grand pigeonnier d’Europe construit vers 1750, avec une hauteur de 22,5 m est un diamètre de 12,43 m. fait à paris le 9 avril 1996.
Rajoutons à la partie historique de Jacques Martin Laval, qu’à la suite de l’inauguration de 1995 , le Pigeonnier est retourné à sa solitude. La Mairie avait mis en place un système d’éclairage qui permettait de repérer le batiment depuis la route de Saint Maximin, avec un effet remarquable. Ces installations ont été vandalisées très rapidement, et la commune n’a pas jugé opportun de reconduire de dispositif, le Pigeonnier était isolé, une cible trop facile. Jusqu’à ce jour les différentes municipalité qui se sont succédées n’ont pas pu exploiter le site en raison d’un problème d’accès au Monument. En effet, jusqu’à présent, hormis l’accès piéton donnant sur la route de Barjols (communal), l’ensemble des terrains qui jouxtaient l’édifice se trouvait dans le domaine privé, ce qui rendait impossible son exploitation touristique . Très récemment, grâce à la famille Bouisset / Ferreoux, une transaction a permis à la commune de racheter une parcelle qui part du chemin du pigeonnier jusqu’aux proches pieds de l’édifice. D’autres rachats de terrains sont en cours et permettront dans un moyen terme d’envisager des projets culturels.
Le 7 février 2003, sur une proposition du maire André Rousselet, le conseil municipal de la commune décide d’accepter la donation à l’euro symbolique de l’église Saint Georges de Brue par le diocèse de Fréjus Toulon à la commune de Brue Auriac. L’acte, passé le 12 février 2004 permettra de sécuriser et d’embellir un monument qui lui avait appartenu jusqu’au 5 août 1912, tout en garantissant à l’association diocésaine de Fréjus Toulon l’affectation cultuelle de l’édifice. Le retour à son histoire est possible grâce aux travaux de recherche réalisés par Jacques Martin-Laval dans « Si Brue m’était conté » :
Située au centre du village selon le souhait des villageois du XIXème siècle, son histoire est liée à la commune de Brue. La lecture des délibérations des conseils municipaux permet de retracer le curieux parcours de cette église. Dès le 27 germinal An XI (18 avril 1803), le conseil municipal délibère à ce sujet : « l’église paroissiale (à cette époque c’est la chapelle de Notre Dame, près du cimetière actuel) et le presbytère sont éloignés de 1000 mètres du village, ce qui est un inconvénient. Ils sont l’un et l’autre dans un état de délabrement presque total ». Or il existe dans l’enceinte du village un bâtiment destiné au culte bien plus vaste. L’idée d’échanger la chapelle Notre Dame avec l’église personnelle de Roux de Corse (sur le cours, appartenant à cette époque à Dame Roux de Glandeves) ne se concrétisa jamais, et l’idée de la construction d’une église communale dans l’enceinte du village se précise peu à peu.
Le 23 janvier 1839 « dans sa sollicitude paternelle, le conseil municipal désirerait, dans l’intérêt de la religion, que la paroisse champêtre fut construite dans le village même ». Mais en attendant la construction de cette église, l’abbé Chalot nous dit : « M. Montagnac, recteur de la paroisse de Brue, installa un petit oratoire dans une maison particulière qu’il aménagea de son mieux et à ses frais, lequel oratoire était situé juste en face de la chapelle du cours dans l’immeuble actuellement occupé par le Cercle Républicain ».
Plusieurs années s’écoulent, plusieurs devis sont discutés. En 1856, les comptes sont définitivement arrêtés et le règlement se fera ainsi :
Secours de l’Etat 6 000 frs (30,7%)
Secours promis par le préfet (sur amendes de Police) 3 298 frs (17%)
Souscription volontaire 4 231 frs (21,6%)
Emprunt 6 000 frs (30,7%)
Une imposition de 20 centimes additionnels sur le principal des quatre contributions directes pendant 12 ans est votée par le Conseil. La décision est prise par le nouveau Maire, Maurice Calvin qui succède à Jean Clapier récemment décédé. Le 10 janvier 1857, c’est Mme Veuve Adèle Clapier qui vend à la commune le terrain où l’église sera rapidement construite (peut-être un peu trop vite) car la bénédiction de l’église a lieu pendant l’été 1858 (un an et demi après l’acquisition du terrain).
Le conseil municipal, Maire et adjoint en tête, en charge de la nouvelle église, a assisté à la bénédiction solennelle dont Mr le curé de Barjols a été chargé, Mr l’Evêque ne pouvant se rendre à cette cérémonie. L’église a pour marraine Mme Adèle Clapier et pour parrain son petit neveu Georges (il a 8ans). Plus tard, en 1880, Mme Clapier fait construire le presbytère qui se trouve derrière l’église.
En 1858, lors de la réception de l’église, une lettre écrite par le secrétaire de la mairie « à propos de la construction de l’église » relève quatorze points défectueux dans cette construction. Construite très rapidement, nous l’avons vu, elle a été mal construite. Dès 1898, des lézardes apparaissent. La municipalité et la préfecture ordonnent la fermeture de l’église. Le culte est alors célébré dans la chapelle du cours. Quelques réparations sont faites en 1899. Elles sont insuffisantes et l’église est à nouveau fermée. Or l’article 13 de la loi du 9 décembre 1905 (séparation de l’Eglise et de l’Etat) dit : « les immeubles autrefois affectés aux cultes et dans lesquels les cérémonies du culte n’auraient pas été célébrées pendant au-delà d’un an, peuvent être désaffectés par décret ». La municipalité demande donc la désaffection de l’église paroissiale le 19 mars 1908. Elle est accordée par décret présidentiel le 28 juin 1908. Le conseil municipal décide de transformer l’église en bureau de poste et en salle de conférence. Mais le 5 août 1912, « à la veille de la démolition de l’église, les demoiselles Bon l’achètent pour la somme de 9 500 frs ».
La restauration de l’église est réalisée grâce à une souscription qui recueille 10 000 frs. La deuxième bénédiction solennelle de l’église a lieu le 7 septembre 1913 en présence de Monseigneur Guillibert et de bien d’autres personnalités. L’abbé Chalot nous dit : « plus de cinquante hommes assistaient à cette cérémonie. Les choristes admirablement exercés par les demoiselles Lieutier, rehaussèrent avec honneur l’éclat de la cérémonie ». Par la suite, les demoiselles Julie et Marie Bon cédèrent le bâtiment à Mr Olmi en 1925. Et en 1927 celui ci en fit don à l’association diocésaine.
En 1997 l’église Saint Georges de Brue a besoin de réparations. Des devis sont demandés pour les travaux envisagés au niveau des couvertures, des façades et des vitraux. L’Association diocésaine ne paraît pas en mesure de supporter la totalité des frais.
Devenue propriétaire de l’édifice et garante de la gestion des murs, la commune engage dès 2004 une première tranche d’investissement de 26 797 euros (175 777 francs TTC) pour réhabiliter la toiture. Sa restauration complète s’inscrira dans les années à venir. Un nouvel épisode de sa curieuse histoire.
Voici une vidéo (nouvelle version) présentant Brue-Auriac aujourd'hui. Merci à notre vidéaste du village - René Dupont pour ce travail !
Egalement, son site internet, avec des informations et l'histoire du village (le contenu de ce site est édité par René Dupont, la Mairie décline toute responsabilité).